8 décembre 2015

Le temps des regrets?

Il y a plus de 15 ans que j'ai coupé la TV. La radio ne s"allume plus que pour la musique ou les émissions culturelles. La presse papier ne reste un médium enrichissant que si on multiplie les références. Et plus besoin du net pour se faire un avis, ... étayé.

Je suis persuadé que ce temps des élections a définitivement fini de faire tomber les masques. Pourquoi vote-t-on? Les régionales? Quelles régions? Pourquoi une fusion? Pour une meilleure gestion européenne? Pourquoi pour tel ou tel parti? Pour lutter contre quoi? Pour voter pour qui? En essayant de répondre personnellement à ces questions, je me suis donc résolu à ne plus porter mon vote pour qui que ce soit. Je ne suis ni convaincu par l'intérêt des fusions, ni par la gestion européenne, ni pour aucun représentant d'un quelconque parti présent dans l'offre politique, et voter contre revient à voter pour les autres qui se déchirent encore pour non plus un sursaut de citoyenneté mais pour garder leur poste.

Et en face, ce n'est plus un vote contestataire, ni même plus la peur de l'autre (qui après tout, en terme de réflexe irréfléchi peut se comprendre, même si je ne l'excuse pas), mais bien la haine de l'autre. C'est la nouvelle tendance, le basculement qu'on osait même pas imaginer il y a 20 piges. Cela fait plusieurs décennies qu'on nous a éduqué, médias aidant, profits aidant (la sacrosainte bourse et la spéculation qui devrait être interdite et éradiquée, sont devenues les seuls étalons de mesure, exclusifs), nombrilisme aidant, oubliant que c'est le vivre ensemble qui nous aidera, et donc le soucis de donner à tous un minimum pour sortir de la fange matérielle, morale et intellectuelle. Certes, se réfugier dans un constat passéiste ne suffira pas, mais il aide à comprendre les rouages, la mécanique de tout ce merdier idéologique où personne ne finit par s'entendre sur la couleur du crottin.

J'en avais presque les larmes aux yeux à l'annonce des résultats du 1er tour. Mais je reste persuadé que c'est dans l'engagement, le fait de ne pas oublier que je suis un citoyen. Citoyen ne revient pas pour moi à ce qui est inscrit sur la carte électorale: cela reste un devoir, tant vivre avec l'autre est devenu incontournable, voire nécessaire, mais plus du tout un levier efficace. Chacun d'entre-nous doit devenir un actif au quotidien, en restant droit dans ses bottes, en affichant ses principes et en les appliquant. Il y aura un séisme, j'en suis persuadé. Je me demande s'il n'est pas l'électrochoc nécessaire tant nous avons avancé par petits à-coups vers l'abject.

Nous avons tous trouvé notre façon de réagir suite aux attentats. Je ne juge pas. Cependant agiter des drapeaux, avec les inscriptions des devises du pays des lumières, est resté l'apanage des bobos urbains. Le drapeau de la liberté est resté un symbole dont se moquent les 30 à 35% des gens qui ont exprimés leur vote pour l'installation d'un fascisme crasse. Car ne nous trompons pas: quand le père Lepen affiche la victoire avec un "Onestcheznous", vous en déduisez quoi d'autre? Et de l'autre côté de l'Atlantique, Obama se bat contre un gars annonçant le fichage des musulmans et leur interdiction sur le territoire... C'est beau. Pendant ce temps la Cop21 accouchera de compromis à la con. Tout ce qui arrangera les bouchers du Bataclan: encore de beaux printemps pour négocier la vente des énergies fossiles, et une montée réactionnaire de la haine, en bref, la copie conforme de leur propre idéologie à la mord-moi-le-noeud.

Restons conscients, enrichissons nos connaissances, et gardons quelques pavés fussent-ils de papier. Moi je travaille mon revers.

2 commentaires:

Sandrine a dit…

Pas d'accord du tout avec le voter pour qui pourquoi!
Ma copine africaine nous rappelait hier avec force que les gens se battent dans de nombreux pays pour avoir le droit de s'exprimer librement par le biais d'un vote démocratique. Il y a sûrement d'autre façon d'exercer sa citoyenneté mais n'oublions pas les gens morts pour nous conserver ce droit! et tu es bien placé pour t'en rappeler toi qui dessine ces guerres et ces morts depuis plusieurs années maintenant. Je n'accepte pas que d'autres décident pour moi que l'argent mis en commun pour vivre ensemble aille aux caméras de surveillance plutôt qu'à la gratuité des repas, l'accès au numérique des lycéens, etc..
Je n'accepte pas ce discours de pessimisme noir, je n'ai pas le droit de baisser les bras et le nez parce que ma région à cause de sa nouvelle moitié vire au "marine" : je le dois à ma fille de 14 ans avec ses convictions toutes neuves, son espoir dans sa génération qui dit non au thèses du FN, pour le moment, au collège, ses amis "musulmans" qui cette fois n'ont pas crié au "complot" d'état ou des médias après les attentats de Paris, au dialogue qu'elle parvient à maintenir sur des sujets aussi difficiles pour ces jeunes esprits qui cherchent et construisent leur identité...
Je te lis et te vois "cracher dans la soupe": berk!
Et le "tous pourris les médias" ? pareil! tu veux me faire croire que tu ne lis pas sur le net ou du papier, n'écoute pas les analyses politiques, n'échange pas tes opinions avec tes voisins, tes amis, les lecteurs de ton blog.
Tu n'achète pas "Reporter sans frontière" au moins de temps en temps pour lutter et maintenir le droit de la presse dans le monde? menteur! ce droit nous en profitons et nous ne sommes pas prêts à le perdre heureusement!
Je te remercie tu m'a mise en colère et cela m'a rappelé que je suis en colère et que j'ai des convictions...
J'ai voté dimanche, et j'y retourne dimanche prochain: ce ne sera pas à cause de moi si ce "c....." d'Aliot siège avec une majorité à la région!!!
moi aussi je fait front: à la connerie, à l'ostracisme, à la peur, à l'obscurantisme
et mon vote compte!
Avec toute mon amitié rageuse, bises Sandrine

A.DAN a dit…

Et bien tes propos me confortent dans les miens. Où as-tu compris que je baissais les bras? Et puis le discours du "on s'est battu, les autres n'ont pas ce droit, etc. ..." même un Sarkosy serait capable d'utiliser ce ton. Tous pourris? Ai-je dit cela? Je lis, lis et relis, écoute même, et question engagement, ici, la rencontre avec des élus, l'engagement dans le milieu associatif, les choix de vie, les changements de mode de vie, voire des choix j'en fais, de plus en plus. Mais refuse qu'on me serve la soupe. Je suis devenu très critique. Très. Voter n'est plus que devenu "contre". J'en ai plein le cul. C'est refuser justement l'utopie et l'entièreté qui m'anime. Mitterand a semé le décor, Chirac nous a remercié d'un "bruit et l'odeur", Sarko a armé les gens et hollande n'a même pas voulu joué les pompiers. Lepen? Il arrivera un jour ou l'autre, lui ou un de ses semblables si les politiques continuent à agir de la sorte, en se souciant de gérer un pays comme une entreprise que comme un groupe qui a vécu une histoire de valeurs.

Le vote est devenu perverti depuis qu'on a plus réellement le choix. On ne parle plus de programme, tu n'as même pas parlé de ce pourquoi on nous invite à voter: les régions. Pourquoi les fusionne-t-on? Des économies? Lesquelles? Une meilleure gestion de l'Europe? Quelle Europe? Gérée par qui et pour qui? La concession me fatigue, les concessions me fatiguent. Et crois moi des élus j'en côtoie à la pèle et de plus en plus: les seuls qui redorent leur auréole auto-construite sont seuls qui émettent des doutes.

Ta colère je la comprends. Je te connais depuis bien longtemps. Mais me traiter de menteur et de cracheur dans la soupe, là tu y vas bien fort. Et plus on me poussera dans le dos pour me montrer le chemin plus j'essayerai de garder le frein bien serré avant de prendre des décisions étayées.

T'inquiètes, ma lutte ne sera pas tranquille et ne se résumera pas à un moment de planton devant une urne d'un bâtiment d'une mairie où même nos représentants crachent ouvertement sur les mots gravés sous le buste de Marianne.

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